Depuis 2004, point de départ de la révolution orange, l’Ukraine a  connu des périodes de fortes tensions politiques et sociales. Celles-ci  ont abouti en 2013 et 2014 à plusieurs mois de manifestations et  d’émeutes initiées par des populations excédées par un pouvoir corrompu  et voyant leurs perspectives d’avenir reculer peu à peu. Ces  soulèvements, cristallisés autour de la place Maïdan à Kiev, se sont  déclenchés suite à la décision du gouvernement de se détourner de  l’Union Européenne malgré les signes de rapprochement montrés  jusqu’alors. Le clivage entre l’Europe et la Russie s’est ainsi  renforcé, faisant apparaître des discordes au sein même des populations  révoltées. 
                  « Perspective pour hier », témoigne de ce contexte socio-politique  troublé en dénonçant et interrogeant les mécanismes de propagande, de  manipulation et de répression. Paradoxe de la vision, le titre de  l’exposition cherche autant à pointer les contradictions inhérentes aux  processus de gouvernance, que nos propres manières d’occulter les  réalités. Ainsi la prévision ou la perspective du passé est-elle, en un  sens, grâce au désaxement de la vision, un accès possible à la  complexité de notre présent. 
                  Les œuvres de Mikola Ridnyi empruntent aux films documentaires et aux  images de surveillance leur brutale réalité, posant alors un regard sur  le pouvoir des médias et de la société de contrôle. Par l’utilisation  de la photographie et de la vidéo, Mykola Ridnyi pose la question de  notre rapport à l’Histoire, et de sa potentielle construction à rebours.  Comment pouvons-nous concevoir l’Histoire, pour vivre un présent et  construire un futur? Quels stigmates ou traces des événements passés  persistent dans la société? Comment subsistent les récits individuels  face aux récits collectifs, autoritaires et dominants? 
                     
                    L'île d'en face, 2016
 
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