Le partenariat avec le HUB SQUARE, entamé en 2010 avec l'invitation de John Cornu, se poursuit en 2014. Après Carole Rivalin en 2011, Michaël Viala en 2012, Perrine Lacroix en 2013, MPVite propose une carte blanche à Pierre Labat. Intitulée Le Mélange des Eaux, l'intervention de Pierre Labat pour le Hub – un blockhaus situé au centre ville de Nantes aujourd'hui reconverti en studio d'enregistrement – consiste en deux séries de règles blanches se rencontrant sur l'une des faces du Bunker.
Dans presque toute oeuvre, il y a au début le choix d'un support. Longtemps et souvent le support est blanc ou tout au moins clair et uniforme (toile apprêtée, feuille de papier, écran d'ordinateur). Ici le blockhaus du Hub est tout sauf cela. L'artiste, Pierre Labat, pense même que le blockhaus constitue le dessin, ou la peinture, par sa couleur, ses motifs, les traces du bois de coffrage. Il s'agit donc de mettre du clair, de faire blanc, pour apparaître sur ce lieu fort.
Les matériaux utilisés sont des règles de maçon en aluminium; le rapport entre le nom d'usage de cet outil et la construction sur laquelle elles sont posées est évident. Mais ces règles sont des normes (elles existent en 1,2,3,4,6 mètres, toujours en section 10 x 1,8 cm). Pierre Labat remarque que toute intervention est normée, et dans un format; l'homme s'exprime, mais toujours en .doc, en .jpeg, en A4 ou en .mp3.
Ces touches blanches, qui ironiquement appellent plus une musique qu'un blockhaus, semblent se jeter les unes sur les autres, sans se toucher, en s'évitant et déviant. Encore une fois on peut penser à autre chose qu'à une pure abstraction : l'assaut, bien physique, qui est celui de l'affrontement. Mais le titre, Le mélange des eaux, parle plus de ce qui relie Nantes (la ville de l'exposition) à Bordeaux (la ville où réside l'artiste), c'est à dire la proximité d'un estuaire.
Pierre Labat prolonge et utilise le vocabulaire et la grammaire de l'art minimal en y introduisant une humanité formelle (qui est celle du spectateur, de ses déplacements). Si un lien peut être tissé entre ce travail sur l'île de Nantes et celui d'autres artistes comme Sol Lewitt ou Pedro Cabrita Reis, ces rais clairs appelleront des passages piétons curves, plaçant le visiteur sur des « sentiers qui bifurquent ». |