Une exposition questionnant nos influences contemporaines et notre fascination pour le sublime.
Nous aurions pu monter une exposition qui vous aurait convaincus qu'il est facile de retrouver son âme d'enfant, qu'il est possible de retrouver ce moment fantasmé où tout, en apparence, était simple.
Mais il est trop tard, et le temps que vous avez pris pour lire ces quelques lignes vous éloigne encore un peu plus de cette époque perdue. N'en reste que les souvenirs, si tant est qu'ils puissent être évoqués.
« Je vois des morts partout » nous dit le petit Cole dans le film Sixième Sens de M. Night Shyamalan.
Des peurs primaires normalisent notre vision du monde lors de notre enfance. En grandissant, nos peurs se déplacent. Une fois adulte, nous restons nostalgiques de ce monde de mystères et aimerions que les morts flottent encore autour de nous.
Comment définir le souvenir si ce n'est un élément de notre mémoire ? Qu'est-ce que la nostalgie hormis la mélancolie, le charme que dégagent nos propres souvenirs ?
Nos influences contemporaines affluent vers une insouciante rêverie généralisée où la sphère sociale est empreinte de cette fascination pour cette époque irrémédiablement révolue.
Pourquoi chercher à retrouver cet affect alors que l'âge nous permet la maturité, la signification, la compréhension du monde avec raison ? Qu'avons-nous perdu dans ce passage de l'enfance à la vieillesse : un point de vue irrationnel qui rendait la vie si magique ?
Ce qui a trait à l'enfance est réactivé au travers d'indices laissés par les oeuvres réunies autour de l'exposition « Le souffle des chimères », qu'ils soient du domaine du mystère, du drame ou de la magie tel que Louise Bourgeois1 pouvait la définir. Le Temps est empreint de conditionnel pour évoquer des instants perdus à jamais.
Lucie Orbie
1 « Mon enfance n'a jamais perdu sa magie, elle n'a jamais perdu son mystère, elle n'a jamais perdu son drame. » Louise Bourgeois |